Pour faire face à la croissance de la population, on n’étend pas l’espace bâti,
on le densifie. Les nouvelles maisons viennent s’insérer dans les «dents
creuses» du village historique.
Accueillir les nouveaux venus
En 1801, Houyet compte 447 habitants, en 1890 ils sont 1207. La population a triplé en moins d’un siècle et pourtant le village ne s’est pratiquement pas étendu (le quartier de la gare apparaît plus tard). Les nouvelles familles construisent leurs maisons dans le périmètre historique du village. Celui-ci se densifie : toutes les parcelles à front de rue sont bâties, la mitoyenneté est généralisée.
Tripler la production agricole
Avec trois fois plus de bouches à nourrir, il faut étendre l’espace cultivé car les rendements n’augmentent pas durant tout le 19e siècle. En 1834, les champs n’occupaient que 18% de la superficie communale. En 1866, les labours sont passés à 40%. L’usage de charrues métalliques tractées par des chevaux plus puissants et le recours à la chaux pour réduire l’acidité des sols, permet le gain de terres.
Des feux enfermés
Jadis chauffées par le feu allumé dans l’âtre, dès 1850, les maisons s’équipent progressivement de cuisinières et de poêles en fonte. Le développement de la sidérurgie a permis de réduire les coûts de fabrication du métal. Les nouvelles routes et, plus tard, les voies ferroviaires permettent l’importation de ces nouveaux produits mais aussi du charbon. Celui-ci remplace désormais le bois comme source d’énergie.
Combler les dents creuses
Une pénurie de bois d’œuvre
L’intensification de l’exploitation des forêts par l’élevage, les coupes de bois de construction et de bois de feu, ont considérablement réduit l’espace forestier. Alors qu’un chêne était abattu à l’âge de 200 ans durant le Moyen Âge, au 18e siècle, la rotation s’est réduite à moins de 80 ans. Le prix du bois de charpente explose, les poutres se raccourcissent et leurs sections s’amenuisent.
Une pétrification tardive
Alors que dans toutes les autres régions, les constructions à pans de bois ont totalement disparu au milieu du 19e siècle, en Famenne comme en Ardenne, cette technique de construction perdure durant tout le siècle. Les conditions de vie y sont difficiles et seuls les plus nantis peuvent financer des maisons en pierre ou en brique. La survie des colombages à Houyet jusqu’à la fin du 19e siècle s’explique sans doute aussi par l’absence de pierres à bâtir dans le sous-sol local et l’industrialisation tardive de la fabrication des briques.