Jusqu’en 1900, les prairies consistent en des prés de fauche localisés le long des cours d’eau. L’élevage se fait dans les bois, les landes ou les champs après les récoltes.
Le circuit du fumier
Avant l’apparition des engrais industriels à la fin du 19e siècle, les paysans n’ont pratiquement que le fumier pour amender leurs champs. La première fonction de l’élevage est de produire cette précieuse fumure. Chaque fois que l’étable est nettoyée, le fumier extrait est stocké sur la fumière devant la ferme. La veille des labours, on le charge dans des tombereaux ou sur des chariots pour aller le répandre sur les champs.
Parcours des communs et vaine pâture
Les principales terres d’élevage sont les bois et les landes. Les villageois y ont un droit de parcours même s’ils n’en sont pas propriétaires. Après la fenaison de juin et la moisson d’été, les prés de fauche et les champs sont aussi ouverts au bétail. On pratique ce qu’on appelle la vaine pâture ou la pâture des « vides ».
Un transfert de matière organique
En pâturant le sous-bois ou la lande le jour, les animaux se nourrissent de végétaux. Rentrés à l’étable le soir, leur lente digestion accomplie, ils produisent le précieux fumier en mélangeant leurs déjections à la paille de leur litière. Un transfert de matière organique s’opère donc entre les incultes et les champs, où le fumier est incorporé au sol lors des labours.
Un élevage collectif
Le matin, à l’appel du berger communal – le herdier -, chaque famille sortson bétail et forme le troupeau villageois – la herde. Le herdier conduit alors le troupeau sur les communaux, bois et landes, pour y faire paître les animaux durant la journée. Au coucher du soleil, il le rassemble et le ramène au village où les animaux sont
reconduits dans les étables.
Du foin pour l’hivernage
Dès l’automne, la végétation entre en dormance et, à part les glands et les faines, le bétail n’a plus rien à manger en forêt. Pour éviter que le troupeau ne dépérisse durant l’hiver, au printemps, les paysans fauchent les prairies humides bordant les cours d’eau. Le foin est stocké dans les fenils surmontant les étables. Il sert de fourrage durant l’hivernage.
Les herbages pour faire face à la crise du blé
Grâce aux progrès de la génétique animale, dès la fin du 18e siècle, l’élevage se spécialise en race bovine laitière ou viandeuse. Mais, dans un monde paysan largement illettré, la diffusion de ces nouvelles connaissances est lente. Ce n’est qu’à la fin du 19e siècle, qu’une série d’exploitants parviennent à mettre en œuvre les nouvelles techniques d’élevage encouragées par les pouvoirs publics, et ainsi, survivre à la crise. La Famenne devient alors une région herbagère.