Située sur la route qui mène à Herhet, blottie au pied d’un talus boisé, la chapelle Saint Roch a été érigée en 1866 par les habitants de Houyet qui voulaient témoigner leur reconnaissance pour avoir été préservés du choléra qui sévissait à cette époque sur une grande partie de la région. La bénédiction solennelle de la chapelle eut lieu le 25 février 1867.
Comme la chapelle se trouvait sur terrain privé, la Fabrique d’église de Houyet a acquis définitivement le bien par vente en 1889. Ce n’est que le 13 novembre 1911, que la Fabrique eut droit à l’extension du domaine en recevant de la part de la famille Grégoire la parcelle de terrain longeant la route d’Herhet. Le 1er juin 1982, la chapelle et le site environnant feront l’objet d’un classement par la Commission royale des Monuments et Sites.
Né à Montpellier en 1340, St Roch était censé protéger les gens qui l’invoquaient des pires épidémies qui régnaient aux siècles passés telles que le choléra et la peste et qui faisaient énormément de ravage dans toute l’Europe. Il est le saint Patron de beaucoup de métiers et professions : paveurs, chirurgiens, fourreurs…il est aussi protecteur des animaux. Enormément d’églises, de chapelles, de châteaux et d’usines portent son nom. Vivant en ermite dans une forêt près de Voghera en Italie, il était toujours accompagné de son chien fidèle qui lui apportait le manger. Il meurt en 1376 victime de la peste.
Houyet l’a adopté comme patron de la paroisse, il est fêté le 16 août. Ce jour-là, pendant des années, une procession formée du Saint Sacrement encadré d’un dais et de flambeaux, de l’harmonie Sainte Cécile sous la direction de Julien Rouard, des petites filles vêtues de robes blanches portant des corbeilles de fleurs et par les habitants de Houyet se dirigeait, après la messe, de l’église vers la chapelle Saint Roch pour rendre un vibrant hommage au Saint Patron de la paroisse. Actuellement, une messe de circonstance est célébrée annuellement à la même date.
La façade de l’édifice présente une niche habitée par la statue de Saint Roch en bois polychromé datant du XVIIème siècle. A l’intérieur, l’autel en chêne porte l’année 1696 et présente un tabernacle avec un Agneau divin surmonté de la statue du grand Saint (vers 1867). Quatre fenêtres ornées de magnifiques vitraux donnent une excellente luminosité. Des statues de saints aux noms pas très connus : St Rainelde, St Gilles, St Menge, St Quirin complètent le tableau intérieur de l’oratoire.
Pendant la guerre de 1940 – 1945, la chapelle joua un rôle dans le sabotage organisé par la résistance. C’est là, sous l’autel et sous la garde de Saint Roch et son fidèle chien que furent cachés 525 kg de dynamite qui serviront à détruire le pont-rail de la halte d’Ardenne situé sur la voie de chemin de fer Dinant-Bertrix.
A différentes époques, de nombreux artistes-peintres, inspirés par la beauté du site, ont transporté la chapelle sur leur toile. On se souviendra du dimanche 7 août 1994, jour de la fête baptisée « L’Art dans la Rue » au cours de laquelle peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs de théâtre se sont unis au pied de la chapelle pour présenter un programme haut en couleurs. Des artistes renommés ont rivalisé pour mettre le sujet de leur admiration, la chapelle Saint Roch pardi, en peinture et en sculptures dans des styles différents mais combien admirables. A la fin d’une journée bien remplie, le soir venu, toutes les œuvres ont pu être distribuées par le biais d’une tombola organisée au profit de la restauration de la chapelle et d’œuvres caritatives. Les enfants avaient été invités à exercer leur savoir-faire pour un concours de dessin ayant pour thème : la chapelle.
Avant de conclure, une expression wallonne très répandue dans notre village et qui est l’expression d’une certaine complicité ou fidélité : Sint Roch n’èva jamé sins t’chin. (1)
(1)Saint Roch ne part jamais sans son chien.
Jules Pochet