Pourquoi autant de portes d’anciennes granges dans le village alors que la Famenne est aujourd’hui une région spécialisée dans l’élevage bovin sur prairies artificielles ?

A chaque porte son usage

Les grandes portes visibles dans de nombreux bâtiments du village sont d’anciennes portes charretières. Elles permettaient le passage des chariots chargés de gerbes de céréales. Avant l’utilisation des moissonneuses-batteuses (1960), la moisson se limitait à faucher les céréales et à les stocker dans les granges pour parfaire le séchage. Une fois sèches, les gerbes étaient battues au fur et à mesure des besoins pour en extraire le grain.

Le grain, la seule denrée pouvant être conservée

Avant l’utilisation des moyens modernes de stockage à partir de la seconde moitié du 19e siècle, seuls les grains parviennent à être conservés entre une récolte et la suivante. Sur les sols pauvres d’Houyet, on cultive principalement du seigle et de l’épeautre. Ceux-ci constituent la base alimentaire de la population et sont consommés sous forme de bouillies pour les plus pauvres et de pain pour les plus aisés.

Des champs omniprésents

Jusqu’au début du 20e siècle, les prairies sont rares à Houyet. Le paysage est dominé par les champs. Les sols relativement profonds et peu caillouteux sont labourés et ensemencés de céréales. Les charrues, presqu’exclusivement construites en bois, ne peuvent s’attaquer qu’aux sols trop peu compacts.

1880, la crise du blé

A partir de 1880, une nouvelle génération de cargos à vapeur permet l’importation massive de céréales américaines en Europe. Les prix de vente s’effondrent. Les régions – dont la Famenne – ne parviennent pas à
répliquer à la concurrence américaine. Des milliers de paysans sont contraints à la faillite.

Une lente conversion aux herbages

Face à la chute des cours du blé, les paysans les plus aisés abandonnent la
culture de céréales et se spécialisent dans l’élevage bovin sur des prairies artificielles. La découverte de la pasteurisation et l’apparition des premiers réfrigérateurs permettent de conserver le lait et la viande. Les nouvelles routes et les lignes ferroviaires construites dès 1840 favorisent la commercialisation vers les
marchés urbains.