Pourquoi, lors de sa fondation, le village s’est-il groupé autour d’un cimetière et de l’église alors que durant les siècles précédents les morts étaient enterrés à l’écart des vivants ?

Après la mort, le paradis si…

Avec la christianisation de nos campagnes dès le 7e siècle, la croyance en le « Jugement dernier » change le rapport entre les vivants et les morts. Les morts ressusciteront et Dieu jugera leurs actes et leurs paroles. Ceux ayant mené une vie exemplaire iront au paradis, les autres, en enfer. Quoique… Il est possible de se racheter une bonne conduite pour peu que l’on prie pour votre salut. A partir de cette époque, l’église prend place au milieu du cimetière. Périodiquement, des cultes y sont célébrés à la mémoire des défunts et pour la rémission de leurs péchés.

Trois églises sur le même site

L’église actuelle, construite en 1851-52, est le troisième sanctuaire d’Houyet. Elle remplace l’église antérieure datant du 15e siècle. Or, une paroisse est déjà mentionnée en 1139. Il est donc probable que l’emplacement de l’église et de son cimetière soit resté le même depuis cette époque.

Le chœur au levant

Nos ancêtres pensent que Dieu entre en contact avec eux grâce à la lumière. Voir l’autel illuminé par les rayons du soleil levant lors de l’office du matin est un signe de la grâce divine. Voilà pourquoi les églises anciennes sont orientées vers l’est, là où le soleil surgit à chacun de ses levers. Il ne s’agit pourtant que des levers de printemps et d’automne. Chez-nous, de l’hiver à l’été, le soleil se lève du sud-est au nord-ouest en passant par l’est.

Un point de rassemblement

Depuis l’époque carolingienne (9e-10e siècles), l’habitat se regroupe autour de l’enclos paroissial, constitué de l’église entourée du cimetière. Le village prend naissance. La sédentarisation des paysans devient définitive. Dorénavant, leur vie aura pour horizon leur paroisse dont ils ne pourront franchir les limites qu’avec l’autorisation du curé.

Un château-fort villageois

Le clocher de l’église médiévale ressemble davantage à un donjon qu’au porche d’entrée d’un lieu de culte. C’est avant tout une tour défensive dans laquelle les villageois se réfugient en cas d’agression. L’église est le seul bâtiment en dur au sein d’un village édifié en bois, en terre et en paille. Le cimetière est lui-même défendu par un mur de plusieurs mètres de haut. L’enclos paroissial a donc aussi une fonction défensive.

Une église rarement au milieu du village

Avec le chœur de l’église orienté à l’est et l’implantation sur un promontoire défensif, l’enclos paroissial ne se situe pas vraiment au centre du village. Lieu de rassemblement de la société paysanne dont la vie est rythmée par le calendrier liturgique, l’église paraît paradoxalement peu accessible. Notons toutefois que jusqu’au début du 19 e siècle, les paroissiens sont moins d’une centaine et se rendent aux offices à pied.